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Via Margutta

Un film de Mario Camerini
SYNOPSIS

Donata, Stefano, Marta, Giosué, Marco et Bill sont artistes. Ils vivent dans la fameuse « rue des peintres », Via Margutta, dans le centre historique de Rome.

Dans l’attente du succès, ils mènent une vie de bohème dont la légèreté n’est qu’apparente : entre espoirs et désillusions, leurs relations sentimentales et amicales sont mise à mal par leur soif de reconnaissance.

Avec Antonella Lualdi, Gérard Blain, Franco Fabrizi

Italie, 1960, 1h45, DCP, Visa : 24999

TÉLÉCHARGEMENT
Dossier de presse Bande-annonce DCP Bande-annonce WEB Photos Affiche

AU CINÉMA LE 22 SEPTEMBRE

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À PROPOS

Via Margutta (1960) nous offre l’occasion de redécouvrir l’œuvre d’un cinéaste trop souvent réduit à l’artificialité de ses comédies légères réalisées sous le régime fasciste (dites comédies des « téléphones blancs »), ainsi qu’à sa collaboration avec Vittorio de Sica, qu’il a contribué à faire connaître comme acteur au grand public (Les Hommes, quels mufles !, 1932). Riche d’une cinquantaine de film réalisés depuis les temps du muet jusqu’au début des années 1970, la filmographie de Camerini a pourtant contribué à écrire les pages les plus glorieuses de l’histoire du cinéma italien. Son œuvre est marquée par une constante capacité de réinvention : en témoignent des films comme Rotaie (1930), premier film sonore italien, ou Deux Lettres anonymes (1945), qui donne l’occasion à Camerini de s’inscrire dans la saison néoréaliste, jusqu’à Via Margutta (1960), qui contribue à l’essor de la comédie de mœurs dans le contexte de l’âge d’or du comique italien. La portée satirique du film reconduit l’acuité à la fois douce et amère de son regard sur la petite bourgeoisie italienne, dont témoignaient ses comédies des années 1930.

Film choral, Via Margutta restitue à travers les personnages de Marta (Yvonne Furneaux), Donata (Antonella Lualdi), Stefano (Gérard Blain), Giosuè (Franco Fabrizi), Bill (Alex Nicol), Marco (Spiros Focas) et leurs acolytes toute la bohème d’un quartier d’artistes du centre historique de Rome à l’aube des années 1960, avant qu’il ne devienne l’épicentre de la Rome touristique que l’on connaît aujourd’hui. Peuplée de peintres, de sculpteurs mais aussi de chanteurs et d’aspirants acteurs, la Via Margutta et ses environs constituent un microcosme qui communique au spectateur l’impression d’un huis clos parfois étouffant. À rebours d’une idéalisation univoque de la vie de bohème, Camerini laisse entrevoir derrière le pittoresque des décors toute la fragilité d’un monde dont on devine la disparition prochaine. Les touristes allemands et japonais qui viennent visiter le célèbre quartier, et dont les artistes profitent volontiers, témoignent déjà de là touristification d’un lieu qui n’est plus tout à fait le cœur battant de la création artistique. En cela Via Margutta constitue l’envers désenchanté des célèbres séquences de Vacances Romaines (William Wyler, 1953), dont le succès avait fait connaître le quartier à un public international. Entre pittoresque et amertume, c’est ainsi la mémoire d’un lieu qui nous est donnée à voir. Les échappées en dehors du quartier de la Via Margutta sont rares, comme en atteste une unique sortie dominicale de la bande d’artistes à la campagne, où une situation de quiproquo marque une forme d’incommunicabilité entre le monde de la ville et celui de la campagne. Cette impression d’enfermement permet d’éprouver toute la précarité de la condition d’artiste, entre rêves, espoirs et désillusions, derrière l’apparente insouciance de ces vies bohèmes. Gérard Blain, dans le rôle de Stefano, incarne ainsi le contrepoint torturé de l’artiste en quête de reconnaissance.

Le film met aussi en scène les difficultés d’une condition féminine entre libéralisation des mœurs et maintien de structures patriarcales : c’est ce qu’incarne Donata (Antonelle Lualdi), aspirante actrice réduite à des missions de doublages, qui se plaint à son amant Stefano du pouvoir des hommes qui cherchent à l’abuser. De même si Marta (Yvonne Furneaux) se présente comme une femme aux mœurs libres, son amertume après avoir été dérobée par un amant est bien celle d’une femme en butte aux contradictions de l’émancipation des mœurs. L’exposition annuelle des artistes du quartier dans la Via Margutta ouvre et ferme le film dans un effet de boucle, au fil de laquelle notre regard sur cet univers est interrogé : la Via Margutta est-elle le lieu de tous les possibles, ou seulement celui d’un éternel recommencement ?

Esther Hallé

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