Central do Brasil
Un film de Walter Salles
SYNOPSIS
Dora, ex-institutrice, gagne sa vie en écrivant des lettres pour les migrants illettrés à la gare centrale de Rio.Ana et son jeune fils Josue font appel à ses services pour retrouver le père de Josue. Quand sa mère meurt, renversée par un bus, Josue demande à Dora de l’aider à retrouver son père. D’abord insensible, Dora finit par accepter de l’aider.
Avec Fernanda Montenegro, Vinicius de Oliveira, Marília Pêra
Brésil, 1998, 1h45, DCP Version restaurée, Visa : 90691
Festival de Bologne 2018- Festival de La Rochelle 2018
Ours d’or Berlin 1998
Ours d’argent meilleure interprétation féminine : Fernada Montenegro
TÉLÉCHARGEMENT
SORTIE LE 11 JUILLET
VERSION RESTAURÉE 4K
20ème anniversaire du film
Le Brésil retrouve son souffle cinématographique et Walter Salles ses ainés du cinéma novo dans ce récit émouvant qui résiste au sentimentalisme, réunissant un gamin obstiné et une vieille dame têtue.
De Central (la gare) au centre (du Pays), d’aujourd’hui à demain en passant par hier, d’un néant gris-bleu opaque à un mouvement coloré : voilà le chemin frayé pas à pas par Central do Brasil. Au début, il y a la foule, comme un chaos, et au milieu de la foule, vieille, laide, la femme assise. Elle écrit, dans la gare centrale de Rio, pour les analphabètes. Elle est comme une pierre. Et en face d’elle, le visage de l’enfant surgi de ce torrent de visages est aussi comme une pierre, tandis que la mère dicte une lettre pour le père disparu, inconnu du gamin.
Pierre contre pierre, roc immobile de la femme qui a renoncé à la vie, à l’espoir, à la croyance dans un peu de justice contre caillou qui roule de l’enfant qui refuse d’accepter son destin, ce sera l’histoire de Central do Brasil, quand la mort qui fauche la mère envoie l’enfant contre la femme dure, les lie de force.
Alors, à la recherche du père de l’enfant, en bus et en camion, Dora et Josué s’enfoncent dans un Brésil rocailleux et mystique, profond comme la mémoire et sonore comme la tôle ondulée.
Chacun joue une partition qui emprunte à l’exercice physique et au fantastique davantage qu’à la psychologie. Bras de fer en mouvement entre le gamin obstiné et la vielle têtue (pas si vieille, pas si moche), le film sait se faire à l’occasion reportage sur l’affrontement, chacun avec ses armes, entre l’actrice chevronnée (Fernanda Montenegro est la plus grande vedette du pays) et le petit cireur de chaussures qui n’avait jamais vu un film avant d’être engagé par Walter Salles.
Evitant les écueils du folklore consensuel et du misérabilisme, Walter Salles mène son récit d’une démarche élastique, qui bifurque face aux obstacles ou au contraire invente comment les pousser dans des retranchements plus extrêmes, plus troubles, plus porteurs de sens et de sensations .
De la métaphore des lettres en souffrance au ballon de foot dribblé dans les rues toutes identiques, le mouvement emballé par le réalisateur entraine avec lui plus qu’un récit émouvant à force de tension retenue : on y perçoit peu à peu que s’y joue quelque chose de plus ample et de plus urgent ; de la métropole carioca au Sertao, Central do Brasilcélèbre les retrouvailles d’une cinématographie avec un espace et une histoire. Il exhale le souffle d’une ouverture lumineuse qui, aux basques des péripéties boudeuses d’un enfant teigneux et d’une dame en manteau étriqué et sac à main, serait celle du cinéma lui même renouant avec un pays en même temps que ce pays, le Brésil, renouerait avec un avenir ».
LE MONDE – Jean-Michel Frodon (1998)
WALTER SALLES
Walter Salles se fait d’abord connaître dans le milieu cinématographique grâce à plusieurs documentaires à la fin des années 80, avant de réaliser sa première fiction, un thriller intitulé High art en 1991.
La crise économique du pays met un frein à sa carrière. Il se ré-intéresse alors au genre du documentaire pour le compte de la télévision européenne tout en restant au Brésil.
Terre lointaine, co-réalisé avec Daniela Thomas en 1995, marque son retour sur le grand écran en tant que réalisateur, scénariste et monteur.
En 1998, c’est la consécration internationale grâce à Central do Brasil, Ours d’or à Berlin. Road-movie émouvant d’une vieille dame et d’un petit garçon, le film, inspiré de son documentaire Soccoro nobre (1995), est prétexte à dénoncer la misère de la population brésilienne.
En 2001, Walter Salles réalise le drame Avril brisé, puis officie en tant que producteur de La Cité de Dieu (2003) et réalise en 2004 Carnets de voyage sélectionné à Cannes, où il se penche sur la vie de Che Guevara.
Il réalise en 2005 un thriller fantastique Dark Water en 2005, remake du film d’Hideo Nakata.
Alternant constamment entre production et réalisation, Walter Salles collabore en 2008 avec sa partenaire de longue date, Daniela Thomas : ils signent ensemble la réalisation d‘Une famille brésilienne, drame poignant sur le portrait d’une famille (Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes).
En 2012, Walter Salles retrouve le festival de Cannes avec Sur la route, un road movie adapté du roman homonyme de Jack Kerouac, présenté en compétition officielle à la 65e édition.