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L'Aventurière

Aventurera

Un film d'Alberto Gout
SYNOPSIS

Durant les dix-huit premières années de sa vie, Elena vit heureuse avec ses parents à Chihuahua où elle étudie la danse. Jusqu’au jour où, rentrant de l’école, elle découvre que sa mère s’est enfuie avec un ami de la famille et que son père s’est suicidé. Elle se rend alors à Ciudad Juarez, à la frontière avec les États-Unis, pour y trouver du travail…

Avec Ninón Sevilla, Tito Junco, Andrea Palma, Rubén Rojo

Mexique, 1949, 1h42, Visa : 12570

TÉLÉCHARGEMENT
Photographies

SORTIE LE 10 JUILLET 2024

Œuvre du metteur en scène Alberto Gout avec lequel Ninón Sevilla avait déjà travaillé à la fin des années 1940 dans un film produit par les frères Calderón, Aventurera apparaît comme une oeuvre exceptionnelle dans le panorama des films de cabaret dont il active les codes en les poussant à un tel paroxysme que le film est emblématique de cette rhétorique de l’excès que Peter Brooke associe à l’esthétique mélodramatique.

Sur le plan musical et chorégraphique d’abord, de nombreux talents de l’époque sont mobilisés, au premier rang desquels Pedro Vargas, Ana María González et le Trio Los Panchos qui interprètent plusieurs boléros, ces chansons sentimentales qui renforcent le caractère dramatique de l’intrigue et ont, outre leur fonction esthétique, celle d’expliciter les états d’âme des protagonistes. Ninón Sevilla assure quant à elle plusieurs numéros chantés et chorégraphiés spectaculaires, d’abord parce qu’ils se produisent dans des espaces qui, à l’instar de ceux des grandes comédies musicales hollywoodiennes, sont sans commune mesure avec le cabaret où ils sont censés se produire. Parmi ses numéros, « En un mercado persa » est remarquable d’audace en mettant en œuvre une gestuelle dont l’autoérotisme marqué fait dire à l’historienne du cinéma Julia Tuñón qui a étudié la représentation des femmes dans le cinéma mexicain classique que c’est là que réside le scandale lié aux rumberas, dans le fait qu’elles assument de jouir de leur sexualité de façon libre.

Le deuxième élément particulièrement intéressant dans ce film est le duo de personnages féminins incarné par Ninón Sevilla (Elena) et Andrea Palma (Rosaura), que l’on retrouve mobilisé dans une configuration différente et bien moins sulfureuse dans Llévame en tus brazos. En effet, Andrea Palma a en quelque sorte inauguré la tradition du film de cabaret au Mexique en tenant le rôle principal de La mujer del puerto, dirigée par Arcady Boytler en 1934. On la retrouve ici dans un double rôle, sorte de Janus féminin notable de bonne famille dans la très conservatrice Guadalajara le jour, et tenancière de cabaret à Juárez la nuit. Tout au long de ce film, Elena, et, dans une moindre mesure, Rosaura, sont donc des femmes particulièrement puissantes, que le retour à la norme matrimoniale à la fin du film ne saurait évacuer de la mémoire du spectateur avec facilité tant la jouissance de leur pouvoir, sur elles-mêmes et sur les autres, aura été un spectacle fascinant dans ce film.

Julie Amiot-Guillouet

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